je n’ai pas d’objet sur lequel me fixer
ni de sujet de prédilection
sur la table d’écriture seulement mes obsessions
des bibelots qui débordent de souvenirs
d’enfances d’amours et d’attachements
qui me regardent me questionnent m’habitent
les objets de mes existences primitives
s’attroupent en soutien
en cadre une broderie sororale une photo familiale
quelques poteries précieuses un pot à crayons des porcelaines nues
proche du stick à lèvre pas loin du tube de crème pour mains sèches
ma tasse à thé blanche en souvenir des branches de sauge estivales
des cartes postales un cierge humoristique des images qui me plaisent
puis des piles de livres changeants jamais à la même taille
tout tient dans un petit carton un nid de papier bulle
où je me sens à la maison
espace de silence vital qui recueille mes souffles
ma table est descriptive je l’aime comme une nature morte
sans cesse réagencée
malgré son âge tendre ma solitude et tes effondrements
je pense au rythme syncopé de ma banalité quotidienne aux restes
photographiés aux pelures des jours dispersées et à tous les mots
du petit langage inarticulés les mots-poisse les mots-bouillie les mots-écoute
depuis le silence mes bibelots éparpillent l’impossible tamisent
mes épanchements pour contenir le cri vide vide